MONDE MODERNE

Dernière mise à jour (last modification) 08/08/2001 14:38

 

 

 

LE SERMENT DU JEU DE PAUME

    La lutte politique qui oppose le Roi et le Tiers État en ce mois de mai 1789, a pour origine une question d'équité sociale : l'ascendant décisionnel du Roi et des classes privilégiées , par le vote, ne semble plus acceptable à la majorité du peuple, représentée par le corps des députés du  Tiers État ( le " troisième état" ), qui représente 96% des français. L'obstination de ceux-ci aura raison d'une politique hésitante devant une cascade d'évènements bien difficile à maîtriser.

    Le 5 mai 1789 , le Roi de France, Louis XVI, réunit les États généraux, ce qui n'a pas eu lieu depuis cent cinquante ans, dans la salle de l'Hôtel  des Menus Plaisirs. Il est prévu de délibérer par ordre. Le Roi siège sur l'estrade, à côté duquel se place la reine Marie-Antoinette et le frère du Roi, comte de Provence. En face, le Tiers État ; à droite du Roi, le clergé ; à sa gauche, la noblesse. Dès les premiers jours, le Tiers État propose  la délibération en commun de tous les députés et le vote par tête. 

    Pour le vote par tête, on comprend : 1200 députés - 300 pour le clergé, 300 pour la noblesse, 600 pour le tiers-état. Le vote par ordre assurait d’avance au clergé et à la noblesse deux voix contre une, et le vote par tête donnait la majorité au Tiers État. Car, dans la députation du clergé aux États généraux, sur 300 représentants, on compte 208 curés, quelquefois sensibles aux idées du Tiers État.

    Le 17 juin, les élus du Tiers État, se considérant comme les vrais représentants de la nation, sur la proposition de l’abbé Siéyès, se proclament "Assemblée nationale", décident de légiférer en matière de finances,  menacent le Roi de la grève de l’impôt. L'abbé Siéyès invite le clergé et la noblesse à se réunir à lui. Sur ce, le Roi fait fermer la salle des États, sous le prétexte de préparatifs en vue de la prochaine séance royale.

    Le 19, à Versailles, le clergé vote sa réunion à l'Assemblée nationale.

    Le 20 juin,  les députés, qui trouvent la porte ceinte de soldats, décident de se réunir dans une salle toute proche, celle du jeu de Paume. Tous les membres de cette assemblée, sur la demande du député Mounier, prêteront à l’instant le serment  " de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides ". Bailly, qui préside, monte sur une table, et répète la formule à haute voix. Les députés présents clament leur adhésion à cet engagement, sous les applaudissements frénétiques de la foule massée dans les tribunes. Le lendemain,  ces derniers s’installent dans l’Église saint-Louis, où viennent s'associer 148 prêtres et quelques nobles.

    Le 23 juin, avec insistance, les députés du Tiers État réaffirment leur volonté de tenir leur serment. Le clergé se rallie à eux par 148 voix contre 136. Louis XVI prend alors la parole devant l’assemblée : il invalide les décisions du tiers, interdit aux trois ordres de siéger en commun et ordonne la délibération par ordre. Bailly lui aurait répondu : " La Nation n'a pas à recevoir d'ordres ". Le clergé et la noblesse obéissent et se retirent dans leurs salles particulières. Le Roi promet encore quelques réformes ( égalité devant l’impôt, abolition de l’impôt de la taille, des corvées, des lettres de cachet …) et conclut en enjoignant au tiers de se retirer. Le Marquis de Dreux-Brézé, maître des cérémonies, rappelle l’ordre royal. Mirabeau lui lance alors la réplique désormais célèbre : "  Aller dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes ! ". Siéyès ajoute : "  Nous sommes aujourd’hui ce que nous étions hier. Délibérons ! " et demande à l’Assemblée de se déclarer inviolable. Finalement le  Roi renonce : "  Eh bien,  s’ils ne veulent pas s’en aller, qu’ils restent  ! ".

    Le 27 juin , le Roi invite les privilégiés des deux autres ordres à se joindre au tiers, en une chambre unique. En les voyant pénétrer, Bailly s’exclame : "À présent, la famille est complète . "

Le 8 juillet, la chambre nomme un comité de Constitution.

Le 9 juillet, naît l’Assemblée Nationale Constituante. 

La Monarchie a cessé d’exister.

 

 Bibliographie :

 

  • Qu'est-ce que le Tiers État ? Abbé Siéyès.

  • La Révolution française. Albert Mathiez.

  • Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799. Jean Tulard, J-F Fayard, Alfred Fierro.

  • Siéyès, la clé de la Révolution Française. Jean-Denis Bredin.

 

Stéphane ZEITOUN

13 juillet 2001

LE SIÈGE DE LA ROCHELLE

  

   Louis  XIII et Richelieu, désirent soumettre les protestants 

à l'autorité royale - sans les forcer à se convertir - soupçonnés de vouloir constituer un " État dans l'État ". En 1626, le cardinal de Richelieu avait signé avec eux un compromis à La Rochelle. 

 

    Une année plus tard, en 1627, la guerre civile est déclarée par la prise d'armes de Henri duc de Rohan (1579 / 13-4-1638, qui épouse en 1605 la fille de Sully), qui organise une insurrection en Languedoc, avec 5 500 hommes. 

     Aussitôt, le port de La Rochelle est investi par les troupes royales. Depuis l'Édit de Nantes, le port est un endroit de sûreté, accordé aux protestants pour communiquer avec l'Angleterre.

     Le cardinal de Richelieu, portant la cuirasse, le casque, avec le titre de lieutenant général des armées, dirige avec Louis XIII 25 000 hommes. On a creusé une tranchée de 12 kilomètres autour de la ville. 

     Il faut aussi empêcher les assiégés de se faire assister par la flotte britannique, qui a déjà procédé à un débarquement dans l'île de Ré, le 27 juin 1627, avec 100 cavaliers et 5000 fantassins, conduite par le George Villiers Ier, duc de Buckingham (20-08-1592 / 23-08-1628). Ils doivent rembarquer le 11 juillet.

     À cet effet, le cardinal fait construire une digue entre l'île de Ré et la côte, longue de 1500 mètres et de 8 mètres de large, associée à de nombreuses pièces d'artillerie.

Les anglais ne sont pas parvenus à incendier les murs.

    

De leur côté, les rochelais résistent durant 14 mois. 

     Le maire, Jean Guiton (1585-1654), ardent calviniste, jure d'enfoncer un poignard dans le coeur de ceux qui parleraient de se rendre. Bientôt, la famine décime les habitants. Seuls 5000 survivants calvinistes, décharnés, ont survécu à une population de 27 000 âmes. On compte des cas de cannibalisme.

     Le duc de Buckingham est assassiné en ses quartiers de Portsmouth par J. Felton, fanatique puritain. Les protestants de La Rochelle sont désespérés, et capitulent, malgré des tentatives de sauvetage par les anglais, à l'automne 1628.

       Le 27 octobre, 6 délégués de la ville demandent une rencontre avec Richelieu pour " un traité de paix et non un pardon et une grâce ". Le Cardinal promet alors aux rochelais "  la vie, la jouissance de leurs biens et l'exercice libre de leur religion ". Le texte est signé.

     Le 28 octobre, lorsque les troupes du Roi pénètrent dans la Rochelle,  20 000 cadavres jonchent les rues de la ville, victimes de la famine.

 

Parallèlement, se trament de nouveaux évènements .

     En 1628, Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie revendique le Montferrat, et le conquiert, avec l'appui de l'Espagne, bloquant ainsi Charles Ier de Gonzague-Nevers (désigné par Vincent II de Gonzague comme héritier de Mantoue), dans la ville de Casal. Le 6 mars 1629, Louis XIII et Richelieu passent les Alpes avec l'armée de La Rochelle. Ils  forcent le " pas de Suse ", en Piémont. Le 18 mars, ils délivrent la ville de Casal et signent en Avril la " trêve de Suse ". 

    

    Très rapidement, début mai, les troupes reviennent en Languedoc pour ouvrir une nouvelle campagne qui débute par la prise de Privas, le 17 mai. Celle d'Alès suivra, en date du 9 juin.

    Quelques jours après, le 28 juin 1629, le Roi pardonne à ses sujets dans l'Edit de grâce d'Alès. Ce texte marque aussi la fin des guerres de religion. Les protestants perdent leurs privilèges politiques (places de sûreté, droit de tenir des synodes), mais conservent la liberté de culte qui leur avait été accordée par l'Edit de Nantes. En juillet, Montauban se rend.

Cette capitulation met fin à la guerre. 

 

    Par cet acte, le Roi et Richelieu souhaitent montrer qu'ils n'ont pas combattu les protestants pour des raisons religieuses, mais en tant que parti politique et militaire.

 

Stéphane ZEITOUN

 17 juillet 2001

La première campagne d'Italie

(1796-1797)

 

 

 

 

1795: le Directoire décide que les armées de Jourdan et de Moreau iront combattre les autrichiens sur le Main et le Danube, alors que le général Napoléon Bonaparte attaquerait les austro-sardes dans la vallée du Pô.

 

C'est Barras qui a nommé Napoléon , à seulement 27 ans, à la tête de l'armée d'Italie, contre l'avis des généraux Augereau et Masséna. Lorsqu'il parvient à Nice, le 26 mars 1796, il sait cependant trouver les mots qui vont galvaniser son corps d'armée.

 

La campagne débutera au col de Cadibone pour se clore, un an plus tard, à Campoformio.

Bonaparte se trouve tout d'abord face à deux armées : l'une autrichienne, l'autre sarde. Dans un premier temps, afin de les séparer, il se place devant les autrichiens à Montenotte (12-13 avril 1796):  c'est une victoire, confirmée par un second échange à Mondovi, le 22 avril. Devant la fougue française, les sardes demandent un armistice. Mais le jeune général Bonaparte n'en finit pas avec les autrichiens, qui se regroupent : il les repousse jusqu'au pont de Lodi, le 10 mai, puis entre à Milan. À ce moment, les grands duchés d'Italie, de Parme et de Modène, le roi de Naples réclament des traités.

 

 

C'est autour de Mantoue que va se dérouler la deuxième phase de la guerre.

Le général autrichien Wurmser veut prendre cette ville, mais il est battu trois fois : d'abord à Lonato et à Castiglione, puis, se repliant vers le haut Adige, il est défait à Bassano le 8 septembre 1796 et forcé de se réfugier dans la ville de Mantoue. Mais une nouvelle armée autrichienne surgit, commandée par Alvinczy, qui déstabilise les français à Caldiero. Le 17 novembre, à Arcole, c'est la revanche de l'armée française. Tenace, Alvinczy revient à la charge mais échoue à nouveau à Rivoli, le 14 janvier 1797. Le général Wurmser, sans ravitaillement dans Mantoue, capitule. Pour asseoir ses victoires, Bonaparte a pu profiter des revers subis par Moreau et Jourdan ainsi que du fruit des rançons imposées aux villes italiennes qu'il fait envoyer au Directoire.

 

Alors, le futur Napoléon passe la Piave, le Tagliamento, le col de Tarvis : les autrichiens de l'archiduc Charles ne peuvent s'y opposer.

Parvenus à cent kilomètres de Vienne, des pourparlers sont entrepris à Leoben, le 18 avril 1797. Bonaparte négocie sans instructions de Paris. Il signe alors le traité de Campoformio, le 18 octobre : l'Autriche renoncera à la Belgique et la région du milanais, s'engage par ailleurs à reconnaître à la France les territoires de la rive gauche du Rhin.

Ainsi prend fin la première coalition. Seule l'Angleterre continue le combat.

 

Stéphane ZEITOUN

21 juillet 2001

Voir aussi :