ANTIQUITÉ

Dernière mise à jour (last modification) 08/08/2001 14:44

 

 

 

 

     

LES IDES DE MARS

(15 mars 44 av.J.C)

 

 

                                                                                                                                                  

     Le 13 septembre 45, César rédige un testament dans sa propriété de Lavicum et le confie à la première Vestale. Sans héritier mâle, malgré ses nombreuses conquêtes féminines, il prévoyait d'abord d'adopter Cn. Pompée et L. Tubéron. Il déclare adopter les petit-fils de ses sœurs, Gaius Octavius (Octavien) - lui donne son nom- , Lucius Pinarius et Quintus Pedius. Entre le 1er janvier et le 26 janvier 44, Plutarque relate la rumeur selon laquelle seul un roi pourra vaincre les Parthes, guerre à laquelle se prépare César. Lucius Aurelius Cotta, le beau-père de César, doit faire le 15 mars à l'occasion de la cérémonie des Ides de Mars, la proposition de la nommer roi, avant son départ prévu le 18 mars pour une expédition contre les Gètes. 

     César dispose d'un parti puissant, composé des centurions de son armée, d'affairistes, de conseillers et d'agents politiques, de lettrés et de banquiers que l'on retrouve en 40 questeurs, 16 préteurs et 900 sénateurs, qui administrent Rome en son absence, en dépit de la tradition où les affaires doivent être laissées au Sénat. Il ôte à celui-ci tout pouvoir administratif et financier. En effet, César a dû faire face à l'arrivée des " novi homines ", des sénateurs provinciaux qui viennent de Narbonnaise, de Cisalpine et des Espagnes. Rufio, le fils de l'un des affranchis de César, commande les trois légions restées à Alexandrie, rôle qui échoit normalement au Sénat. Il centralise le commandement militaire.

 

     Le 26 janvier, César rentre d'Albe à Rome, après avoir présidé les Fééries latines au Monte Cavo, où était honoré Jupiter Latiaris. On sait César sensible aux honneurs, mais pas au titre de Roi. Il estime cet honneur suprême démesuré : " Je suis César, donc je suis romain...", c'est-à-dire mettant au-dessus de tout la " virtus " militaire, qui se manifeste par se  sa clémence qu'il est un chef. Le Consul Antoine lui offre la royauté, lors de la fête des Lupercales : il la refuse.

     Le 14 février 44,  César reçoit la dictature à vie. Les sénateurs prêtent serment de fidélité. Il licencie sa garde pour donner confiance au peuple échaudé par la dictature de Sylla. Il fait effacer des inscriptions statuaires qui haussent son nom au rang de demi-dieu. Même si en Occident, en Orient, à Ephèse, à Mytilène, Alexandrie, Antioche, on le nomme Dieu.

     La conjuration naît certainement le 15 février, lors de la scène du temple de Vénus Genitrix. Le Sénat au complet lui présente des décrets lui conférant les plus grands honneurs et César les accueillent sans quitter son siège, daignant à peine s'en enquérir.

     Les patriciens romains prennent peur. La noblesse et les " optimates ", c'est-à-dire les premiers et les plus puissants de la ville, redoutent de dépendre de lui seul. Les pompéiens et les césariens se regroupent devant le danger de la monarchie. Decimus Brutus, Gaius Cassius et Marcus porteront leurs espoirs.

 

De nombreux présages ont été décrits qui annonçaient l'assassinat de César.

     Suétone raconte qu'au moment de démolitions de tombeaux très anciens, à Capoue, on découvre dans le sépulcre de Capys, le fondateur de la ville, " une tablette de bronze portant une inscription en langue et en caractères gras, dont voici le sens : " Quand on aura découvert les ossements de Capys, un descendant d'Iule (la famille de César) tombera sous les coups de ses proches et bientôt l'Italie expiera sa mort par de terribles désastres ". 

     "Les derniers jours, César apprit que les troupes de chevaux, qu'en franchissant le Rubicon ils avait consacrées au Dieu du fleuve et laissé errer sans gardien, se privaient obstinément de nourriture et versaient d'abondantes larmes ". 

     " Tandis qu'il sacrifiait, l'haruspice Spurinna l'avertit de " prendre garde à un péril qui ne serait pas reculé au-delà des Ides de Mars" César lui-même se vit en songe tantôt volant au-dessus des nues, tantôt serrant la main de Jupiter; de son côté, sa femme Calpurnia rêva que le faîte de leur maison s'écroulait et que son mari était percé de coups entre ses bras, puis, tout à coup, la porte de leur chambre à coucher s'ouvrit d'elle-même ".  

     La veille des Ides, " un roitelet portant un rameau de laurier volait vers la curie de Pompée, lorsque des oiseaux de différentes espèces quittant les arbres voisins le poursuivirent et le mirent en pièces dans cette même salle ".

     Calpurnia lui demandera de ne pas se rendre au Sénat ce jour-là, arguant que les sacrifices privés sont défavorables (on ne trouva pas de coeur dans l'un des animaux sacrifiés). César d'abord se range à cet avis et se prépare à déléguer Antoine pour congédier le Sénat. Mais, après la visite de Decimus Brutus, surnommé Albinus, en qui César avait une grande confiance puisqu'il l'avait fait héritier en seconde ligne. Il dit : " Si cependant tu crois absolument ce jour néfaste, le meilleur parti est de te rendre toi-même au Sénat,

pour déclarer que tu remets l'assemblée ".

 

 

 

 

 

Le 15 mars 44 est un jour de fête. Des combats de gladiateurs ont lieu dans le théâtre de Pompée.

 

 

Dans la curie de Pompée, les sénateurs attendent, parmi lesquels ces 20 personnages :

 

 

L. Minucius Basilus ; D. Iunius Brutus Albinus ; C. Trebonius ; Ser. Sulpicius Galba ; C. Servilius Casca ; P. Servilius Casca Longus ; L. Tullius Cimber ; C. Cassius Longinus ; M. Junius Brutus (Q. Servilius Caepio Brutus) ; Q. Ligarius ; Pontius Aquila ; Caecilius Bucilianus ; Caecilius ; Rubrius Rubus Ruga ; Sextius Naso ; M. Spurius ; C. Cassius Parmensis ; Pacuvius Antistius Labeo ; Petronius ; D. Turullius.

Ce seront les assassins de César.

C'est une conjuration, un crime contre la sûreté de l'Etat.

     Trebonius occupe Antoine au dehors, sous le portique de Pompée. À peine César se sera-t-il assis que Tullius Cimber lui demande le rappel de son frère en exil. César lui répond qu'il faut attendre et finit par refuser. T. Cimber saisit alors la toge pourpre de César, l'entoure au milieu de son cou, puis s'écrit : "Qu'attendez-vous, mes amis ? ".

Il est onze heures du matin.

     Casca frappe le premier, derrière, au-dessus de la gorge. César se lève, se retourne, le tire jusqu'à lui, lui crie : " Scélérat de Casca, que fais-tu ? ".Le frère de Casca frappe au flanc, Cassius au visage, Brutus à la cuisse, Bucolianus au front. Après le coup de Brutus, désespéré, César s'enveloppe le visage de sa toge, puis s'écroule aux pieds de la statue de Pompée. Il a reçu 23 blessures. César meurt dans sa cinquante sixième année. Trois esclaves portent son corps sur une litière.

 

     

     Les sénateurs, qui n'étaient pas instruits du complot, effrayés, sortent en hurlant. Le peuple, entendant ces cris, s'élance hors du théâtre, ne sachant quel massacre vient d'avoir lieu.Lépidus, le chef de la cavalerie, se rend au Champ de Mars à la tête de ses troupes et se met sous les ordres d'Antoine. Mais Antoine, réaliste, est en fuite, pour une nuit au moins, déguisé en homme du peuple. Lépidus se cache aussi.

Les meurtriers quittent la curie, ensanglantés, et se placent sur le forum, pour tenter de faire comprendre leur crime, invoquant le nom de Cicéron, le respect des lois et le gouvernement démocratique. Tous montèrent au Capitole pour y rester un jour et une nuit. Mais, craignant pour leur vie, les conjurés se séparent pour veiller autour de la ville, prévoyant une contre-attaque des soldats de César.

 

     

     Aucun des meurtriers ne survécut plus de trois ans et ne mourut de mort naturelle.

Plus tard, en 27 av. J.C., Auguste régnant, l'héritier (le fils adoptif Octavien) de César, décide de murer la curie et déclare " les Ides de Mars " jour parricide, puis interdit à tout jamais au Sénat de se réunir à cette date.

     Au cours des premiers jeux donnés en son honneur, une comète serait apparue, durant sept jours consécutifs, vers la onzième heure. Depuis, les représentations de César sont souvent accompagnées d'une étoile au-dessus de sa tête.

 

 

 

 

Stéphane ZEITOUN

25 juillet 2001

 

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