MONDE CONTEMPORAIN

Dernière mise à jour (last modification) 15/08/2001 22:04

 

L'affaire des décorations

(septembre-décembre 1887)

 

 

 

      

     Depuis la chute du Président Mac-Mahon, le 30 janvier 1879, la jeune République française, devenue parlementaire le 15 décembre 1877,  se débat dans les difficultés. François-Jules, dit Jules Grévy est Président de la République depuis 1879. Il est né à Mont-sous-Vaudrey le 15 août 1807. Fils d'un paysan franc-comtois, il devient avocat en 1837 au barreau de Paris. En 1848, il est élu à l'Assemblée Constituante. 1849 : élu à l'Assemblée Législative. Au moment du coup d'état, il est arrêté le 2 décembre 1851. Finalement libéré, il reprend la voie du barreau. En 1869, il est à nouveau député républicain de Paris. En 1871, on le retrouve député du Jura, puis Président de l'Assemblée , le 16 février à Bordeaux : c'est lui qui confiera le pouvoir exécutif à Thiers pendant la Commune. De 1871 à 1873, il demeure Président de l'Assemblée Nationale, puis préside la Chambre de 1876 à 1879.

Il est élu Président de la République par le Congrès, à Versailles,

le 30 janvier 1879 au Ier tour par 563 voix sur 670.

 

 

 

     En 1887, le général Boulanger est ministre de la Guerre depuis 1 an. Maladroit dans ses relations avec l'Allemagne, il est le porte-drapeau des conservateurs qui veulent la revanche militaire depuis la guerre de 1870. Ils sont également hostiles aux projets sur l'éducation de Jules Ferry. Un mouvement antiparlementaire se crée, provoqué par les successions trop rapides des ministères. Le général Boulanger est renvoyé en grande partie à cause de sa trop grande popularité. Il ira commander la région militaire de Clermont-Ferrand. Les radicaux, eux, sont hostiles à la politique coloniale et jugent les réformes insuffisantes.

 

 

     En septembre de cette année, une enquête de police découvre un trafic de décorations apparemment organisé par dame Limouzin. Daniel Wilson (1840-1919), le gendre du Président de la République, député d'Indre-et-Loire, est mis en cause. Il a ouvert, dit-on, à l'Élysée, où il loge, un bureau où l'on peut acheter des Légions d'honneur. Ses services accorderaient aussi des subventions à des journaux de province.

 

 

Un scandale éclate et la presse se déchaîne. 

 

 

     La Chambre autorise le 17 novembre 1887, la création d'une commission d'enquête, puis d'une action judiciaire contre Wilson. On a constaté que certaines pièces du dossier ont été faussées.

Clémenceau prononce un discours le 19 novembre qui force le cabinet Rouvier à démissionner.

Jules Grévy est directement accusé.

     Le parti majoritaire des " opportunistes " refuse de former un nouveau ministère. Tous les jours, ce sont de violentes manifestations dans les rues. Le Président est totalement isolé et le 2 décembre 1887, le Sénat et la Chambre réunis votent une résolution pour demander la démission de Jules Grévy, qui s'exécute. Wilson sera condamné à deux ans de prison le 23 février 1888, sera acquitté en appel et réélu député en 1893 et 1898.

     Le 3 décembre, les Chambres se réunissent à Versailles pour lui donner un successeur. Jules Ferry, candidat, n'obtient pas les suffrages ni des radicaux, qui ne veulent plus d'expansion coloniale, ni des conservateurs, qui ne veulent pas d'un enseignement laïc. C'est Georges Clémenceau qui évitera de nouvelles émeutes en obtenant l'élection de Sadi Carnot. Le 12 décembre, c'est la création du  gouvernement Tirard, et la situation s'apaise.

    

 

     Le scandale des décorations aura contribué à discréditer le régime parlementaire de la IIIe République, mais a renforcé le général Boulanger, désormais à la tête de " des syndicats de tous les mécontents ". Le Président Grévy mourra en 1891.

 

 

 

Stéphane ZEITOUN

2 août 2001